Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/47

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Il faut apprendre au lecteur que dans le parti libéral dirigé par la marquise Raversi et le général Conti, on affectait de ne pas douter de la tendre liaison qui devait exister entre Fabrice et la duchesse. Le comte Mosca, qu’on abhorrait, était pour sa duperie l’objet d’éternelles plaisanteries.

Ainsi, pensa Clélia, le voilà prisonnier et prisonnier de ses ennemis ! car au fond, le comte Mosca, quand on voudrait le croire un ange, va se trouver ravi de cette capture.

Un accès de gros rire éclata dans le corps de garde.

— Jacopo, dit-elle au brigadier d’une voix émue, que se passe-t-il donc ?

— Le général a demandé avec vigueur au prisonnier pourquoi il avait frappé Barbone : Monsignore Fabrice a répondu froidement : il m’a appelé assassin, qu’il montre les titres et brevets qui l’autorisent à me donner ce titre ; et l’on rit.

Un geôlier qui savait écrire remplaça Barbone ; Clélia vit sortir celui-ci, qui essuyait avec son mouchoir le sang qui coulait en abondance de son affreuse figure ; il jurait comme un païen : Ce f… Fabrice, disait-il à très-haute voix, ne mourra jamais que de ma main. Je volerai le bourreau, etc., etc. Il s’était arrêté entre la fenêtre du bureau et la voiture du géné-