Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/90

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cas pourtant ce serait le début de quelque maladie fort grave. Alors, rempli d’inquiétude, il proposa de faire appeler le célèbre Razori, le premier médecin du pays et de l’Italie.

— Vous voulez donc donner à un étranger le plaisir de connaître toute l’étendue de mon désespoir ?… Est-ce là le conseil d’un traître ou d’un ami ? Et elle le regarda avec des yeux étranges.

— C’en est fait, se dit-il avec désespoir, elle n’a plus d’amour pour moi et bien plus, elle ne me place plus même au rang des hommes d’honneur vulgaires.

— Je vous dirai, ajouta le comte en parlant avec empressement, que j’ai voulu avant tout avoir des détails sur l’arrestation qui nous met au désespoir, et, chose étrange ! je ne sais encore rien de positif ; j’ai fait interroger les gendarmes de la station voisine, ils ont vu arriver le prisonnier par la route de Castelnovo, et ont reçu l’ordre de suivre sa sediola. J’ai réexpédié aussitôt Bruno, dont vous connaissez le zèle non moins que le dévouement ; il a ordre de remonter de station en station pour savoir où et comment Fabrice a été arrêté.

En entendant prononcer ce nom de Fabrice la duchesse fut saisie d’une légère convulsion.