Le maréchal-des-logis s’approcha d’un air d’autorité : — Laquelle de ces dames se nomme Clélia Conti ?
— Moi, dit la jeune fille.
— Et moi, s’écria l’homme âgé, je suis le général Fabio Conti, chambellan de S. A. S. monseigneur le prince de Parme ; je trouve fort inconvenant qu’un homme de ma sorte soit traqué comme un voleur.
— Avant-hier, en vous embarquant au port de Côme, n’avez-vous pas envoyé promener l’inspecteur de police qui vous demandait votre passeport ? Hé bien ! aujourd’hui il vous empêche de vous promener.
— Je m’éloignais déjà avec ma barque, j’étais pressé, le temps étant à l’orage ; un homme sans uniforme m’a crié du quai de rentrer au port : je lui ai dit mon nom et j’ai continué mon voyage.
— Et ce matin, vous vous êtes enfui de Côme ?
— Un homme comme moi ne prend pas de passe-port pour aller de Milan voir le lac. Ce matin, à Côme, on m’a dit que je serais arrêté à la porte ; je suis sorti à pied avec ma fille ; j’espérais trouver sur la route quelque voiture qui me conduirait jusqu’à Milan, où certes ma première visite sera pour porter mes plaintes au général commandant la province.
Le maréchal-des-logis parut soulagé d’un grand poids.