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Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 1), 1883.djvu/247

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des bonheurs de son départ fut d’être délivré des attentions de la charmante duchesse d’A… Ce fut en 1821, qu’ayant subi passablement tous ses examens, son directeur d’études ou gouverneur eut une croix et un cadeau, et lui partit pour voir enfin cette ville de Parme, à laquelle il songeait souvent. Il était Monsignore, et il avait quatre chevaux à sa voiture ; à la poste avant Parme, il n’en prit que deux, et dans la ville fit arrêter devant l’église de Saint-Jean. Là se trouvait le riche tombeau de l’archevêque Ascagne del Dongo, son arrière-grand-oncle, l’auteur de la Généalogie latine. Il pria auprès du tombeau, puis arriva à pied au palais de la duchesse, qui ne l’attendait que quelques jours plus tard. Elle avait grand monde dans son salon, bientôt on la laissa seule.

— Hé bien ! es-tu contente de moi ? lui dit-il en se jetant dans ses bras : grâce à toi, j’ai passé quatre années assez heureuses à Naples, au lieu de m’ennuyer à Novare avec ma maîtresse autorisée par la police.

La duchesse ne revenait pas de son étonnement, elle ne l’eût pas reconnu à le voir passer dans la rue ; elle le trouvait ce qu’il était en effet, l’un des plus jolis hommes de l’Italie ; il avait surtout une physionomie charmante. Elle l’avait envoyé à Naples avec la tournure d’un hardi casse-cou ; la cravache qu’il portait toujours alors semblait faire partie inhérente de son être : maintenant il