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— III —

lement en 1880 que l’on commencera à me comprendre. » Ses contemporains l’avaient pris au mot, et plus peut-être qu’il n’eût désiré. Quand la Chartreuse de Parme parut pour la première fois en 1839, il s’en vendit une centaine d’exemplaires, grâce à Balzac, qui en fit un éloge splendide dans sa revue. Le reste de l’édition demeura chez l’éditeur ou s’éparpilla sur les quais.

C’est dans une boîte à vingt sous, qu’en 1849 je trouvai la Chartreuse de Parme, et l’achetai sans penser à mal. L’ouvrage nous avait été signalé par un de nos professeurs, M. Jacquinet, grand admirateur de Mérimée, et j’en avais gardé le titre dans ma mémoire.

Je ne puis encore aujourd’hui, après tant d’années, me rappeler sans une sorte de plaisir rétrospectif la folie d’enthousiasme qui nous saisit, mes camarades et moi, à la lecture de ce livre. Nous nous prîmes d’une passion, qui m’est aujourd’hui inconcevable, pour les héros de Stendhal et pour Stendhal lui-même. Nous achetâmes tous ses ouvrages les uns après les autres, et ce n’est pas assez dire que nous les lûmes, nous les dévorâmes ; Balzac était notre Dieu ; nous fîmes dans la chapelle qui lui était réservée une niche à côté de lui pour Stendhal.

Tout nous plaisait chez lui : son amour du