cheval un peu maigre ; tu ne connais pas le troisième : c’est un voleur de grand chemin de mes amis, homme d’exécution s’il en fut, et qui a autant de courage que toi ; c’est pourquoi surtout je lui ai demandé de me déclarer ce que tu devais faire. Tous les trois m’ont dit, sans savoir chacun que j’eusse consulté les deux autres, qu’il vaut mieux s’exposer à se casser le cou que de passer encore onze années et quatre mois dans la crainte continuelle d’un poison fort probable.
« Il faut pendant un mois t’exercer dans ta chambre à monter et descendre au moyen d’une corde nouée. Ensuite, un jour de fête où la garnison de la citadelle aura reçu une gratification de vin, tu tenteras la grande entreprise. Tu auras trois cordes en soie et chanvre, de la grosseur d’une plume de cygne : la première de quatre-vingts pieds, pour descendre les trente-cinq pieds qu’il y a de ta fenêtre au bois d’orangers ; la seconde de trois cents pieds, et c’est là la difficulté, à cause du poids, pour descendre les cent quatre-vingts pieds qu’a de hauteur le mur de la grosse tour ; une troisième, de trente pieds, te servira à descendre le rempart. Je passe ma vie à étudier le grand mur à l’orient, c’est-à-dire du côté de Ferrare : une fente causée par un tremblement de terre a été remplie au moyen d’un contre-fort qui forme plan incliné. Mon voleur de grand chemin m’assure qu’il se