Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 2), 1883.djvu/287

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avait de l’amour à la fin. Le billet commençait ainsi :


« Le comte dit, madame la duchesse, qu’il est content de moi ; le fait est que j’ai essuyé quelques coups de fusil à ses côtés et que mon cheval a été touché : à voir le bruit qu’on fait pour si peu de chose, je désire vivement assister à une vraie bataille, mais que ce ne soit pas contre mes sujets. Je dois tout au comte ; tous mes généraux, qui n’ont pas fait la guerre, se sont conduits comme des lièvres ; je crois que deux ou trois se sont enfuis jusqu’à Bologne. Depuis qu’un grand et déplorable événement m’a donné le pouvoir, je n’ai point signé d’ordonnance qui m’ait été aussi agréable que celle qui vous nomme grande-maitresse de ma mère. Ma mère et moi, nous nous sommes souvenus qu’un jour vous admiriez la belle vue que l’on a du palazetto de San Giovanni, qui jadis appartint à Pétrarque, du moins on le dit ; ma mère a voulu vous donner cette petite terre ; et moi, ne sachant que vous donner, et n’osant vous offrir tout ce qui vous appartient, je vous ai fait duchesse dans mon pays ; je ne sais si vous êtes assez savante pour savoir que Sanseverina est un titre romain. Je viens de donner le grand cordon de mon ordre à notre digne archevêque, qui a déployé une fermeté bien rare chez les