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Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 2), 1883.djvu/32

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folie. Tu garderas, bien entendu, le nom de Bossi pour ce petit voyage. On dit que tu as de la barbe comme le plus admirable capucin, et l’on ne t’a vu à Parme qu’avec la figure décente d’un grand-vicaire. »


— Comprends-tu, Riscara ?

— Parfaitement ; mais le voyage à Gênes est un luxe inutile ; je connais un homme dans Parme qui, à la vérité, n’est pas encore aux galères, mais qui ne peut manquer d’y arriver. Il contrefera admirablement l’écriture de la Sanseverina.

À ces mots, le comte Baldi ouvrit démesurément ses yeux si beaux ; il comprenait seulement.

— Si tu connais ce digne personnage de Parme, pour lequel tu espères de l’avancement, dit la marquise à Riscara, apparemment qu’il te connaît aussi ; sa maîtresse, son confesseur, son ami peuvent être vendus à la Sanseverina ; j’aime mieux différer cette petite plaisanterie de quelques jours, et ne m’exposer à aucun hasard. Partez dans deux heures comme de bons petits agneaux, ne voyez âme qui vive à Gênes et revenez bien vite. Le chevalier Riscara s’enfuit en riant, et parlant du nez, comme Polichinelle : Il faut préparer les paquets, disait-il en courant d’une façon burlesque. Il voulait laisser Baldi seul avec la dame. Cinq jours après, Riscara ramena à la marquise son comte Baldi tout écorché : pour abréger de six lieues, on