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c’est un homme d’honneur celui-là : brûlons, brûlons !

— Pas encore. Permettez-moi de prendre les noms de douze ou quinze témoins dangereux, et que je me permettrai de faire enlever, si jamais le Rassi veut recommencer.

— Je rappellerai à votre excellence que le prince a donné sa parole de ne rien dire à son ministre de la justice de notre expédition nocturne.

— Par pusillanimité, et de peur d’une scène, il la tiendra.

— Maintenant, mon ami, voici une nuit qui avance beaucoup notre mariage ; je n’aurais pas voulu vous apporter en dot un procès criminel, et encore pour un péché que me fit commettre mon intérêt pour un autre.

Le comte était amoureux, lui prit la main, s’exclama ; il avait les larmes aux yeux.

— Avant de partir, donnez-moi des conseils sur la conduite que je dois tenir avec la princesse ; je suis excédée de fatigue, j’ai joué une heure la comédie sur le théâtre, et cinq heures dans le cabinet.

— Vous vous êtes assez vengée des propos aigrelets de la princesse, qui n’étaient que de la faiblesse, par l’impertinence de votre sortie. Reprenez demain avec elle sur le ton que vous aviez ce matin ; le Rassi n’est pas encore en prison ou exilé, nous n’avons pas encore déchiré la sentence de Fabrice.