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pour se conduire comme l’eût fait Fénelon en pareille occurrence ; il écouta l’archevêque avec toute l’humilité et tout le respect possibles ; et, lorsque ce prélat eut cessé de parler, il lui raconta toute l’histoire de la traduction de cette généalogie faite par les ordres du comte Mosca, à l’époque de sa première prison. Elle avait été publiée dans des fins mondaines, et qui toujours lui avaient semblé peu convenables pour un homme de son état. Quant au portrait, il avait été parfaitement étranger à la seconde édition, comme à la première ; et le libraire lui ayant adressé à l’archevêché, pendant sa retraite, vingt-quatre exemplaires de cette seconde édition, il avait envoyé son domestique en acheter un vingt-cinquième ; et, ayant appris par ce moyen que ce portrait se vendait 50 sous, il avait envoyé 100 francs comme paiement des vingt-quatre exemplaires.

Toutes ces raisons, quoique exposées du ton le plus raisonnable par un homme qui avait bien d’autres chagrins dans le cœur, portèrent jusqu’à l’égarement la colère de l’archevêque ; il alla jusqu’à accuser Fabrice d’hypocrisie.

— Voilà ce que c’est que les gens du commun, se dit Fabrice, même quand ils ont de l’esprit !

Il avait alors un souci plus sérieux ; c’étaient les lettres de sa tante, qui exigeait absolument qu’il vînt reprendre son appartement au palais Sanseverina, ou que du moins il vînt la voir quel-