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Je ne vois qu’un moyen de me remettre réellement bien avec lui, c’est l’absence. Je vais me montrer parfait de grâces et de respects, après quoi je suis malade et je demande mon congé. Vous me le permettrez, puisque la fortune de Fabrice est assurée. Mais me ferez-vous le sacrifice immense, ajouta-t-il en riant, de changer le titre sublime de duchesse contre un autre bien inférieur ? Pour m’amuser, je laisse toutes les affaires ici dans un désordre inextricable ; j’avais quatre ou cinq travailleurs dans mes divers ministères, je les ai fait mettre à la pension depuis deux mois, parce qu’ils lisent les journaux français ; et je les ai remplacés par des nigauds incroyables.

Après notre départ, le prince se trouvera dans un tel embarras, que, malgré l’horreur qu’il a pour le caractère de Rassi, je ne doute pas qu’il ne soit obligé de le rappeler, et moi je n’attends qu’un ordre du tyran qui dispose de mon sort, pour écrire une lettre de tendre amitié à mon ami Rassi, et lui dire que j’ai tout lieu d’espérer que bientôt on rendra justice à son mérite[1].


  1. P y E in Olo.