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la comtesse Mosca, personne ne peut me remplacer.

Le prince continuait à le traiter avec une distinction qui le plaçait au premier rang, dans cette cour, et cette faveur il la devait en grande partie à lui-même. L’extrême réserve qui, chez Fabrice, provenait d’une indifférence allant jusqu’au dégoût pour toutes les affectations ou les petites passions qui remplissent la vie des hommes, avait piqué la vanité du jeune prince ; il disait souvent que Fabrice avait autant d’esprit que sa tante. L’âme candide du prince s’apercevait à demi d’une vérité : c’est que personne n’approchait de lui avec les mêmes dispositions de cœur que Fabrice. Ce qui ne pouvait échapper, même au vulgaire des courtisans, c’est que la considération obtenue par Fabrice n’était point celle d’un simple coadjuteur, mais l’emportait même sur les égards que le souverain montrait à l’archevêque. Fabrice écrivait au comte que si jamais le prince avait assez d’esprit pour s’apercevoir du gâchis dans lequel les ministres Rassi, Fabio Conti, Zurla et autres de même force avaient jeté ses affaires, lui, Fabrice, serait le canal naturel par lequel il ferait une démarche, sans trop compromettre son amour-propre.

Sans le souvenir du mot fatal, cet enfant, disait-il à la comtesse Mosca, appliqué par un homme de génie à une auguste personne, l’auguste per-