Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/137

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que ne manquait pas d’élever l’avarice de la duchesse, en lui représentant que l’on pouvait se servir, pour la nouvelle tour, de pierres de taille carrées qui formaient l’ancienne. Puis, la tour élevée, il remarqua que les maçons de campagne n’avaient pas aligné parfaitement les pierres de taille ; alors on fit venir de Paris des ouvriers ciseleurs qui, en taillant ces pierres à une profondeur de six pouces à quelques endroits, entourèrent la tour d’ornements en ogives empruntés à l’architecture sarrasine dont l’on voit de si beaux restes en Espagne. À cette époque de la vie de la nouvelle tour, elle produisit un effet immense sur tous les châteaux du voisinage.

— Cela est à la fois utile et agréable, s’écria le marquis de Fernozière ; en cas de révolte des jacobins, on peut se réfugier dans une tour de ce genre et y tenir fort bien huit ou dix jours, jusqu’à ce qu’on ait pu rassembler la gendarmerie des environs. Dans les temps plus tranquilles, la vue d’un si beau monument donne à penser aux manoirs du voisinage.

Le docteur s’arrangea de façon que, en moins de quinze jours, cette idée fut répétée vingt fois devant la duchesse. Elle fut au comble du bonheur. Le