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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/148

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trice, elle pût lire à la duchesse les romans de Walter Scott. Le docteur vit qu’il était perdu et, comme il avait pour principe qu’un bossu triste qui laisse voir sa tristesse est un homme à jamais perdu dans le salon où il a commis cette imprudence, il se hâta de sortir, et personne ne s’aperçut de sa disparition. Le bon abbé Clément, bien loin de s’avouer le genre d’intérêt qu’il portait à Lamiel, pensait toujours à elle. Il supposait que, avec le temps et la protection si déclarée de la duchesse, elle ferait un mariage qui lui donnerait une place dans la bonne bourgeoisie. Il enseigna donc à Lamiel un peu de ce qu’elle ignorait et que pourtant il fallait savoir pour n’être pas ridicule dans la société. Un peu d’histoire, un peu de littérature, etc., etc. Cet enseignement était bien différent de celui que donnait le docteur Sansfin. Il n’était point dur, tranchant, remontant aux principes des choses comme celui de Sansfin ; il était doux, insinuant, rempli de grâce ; toujours une petite maxime arrivait précédée d’une jolie petite anecdote, dont elle était comme la conséquence, et le jeune précepteur avait grand soin de laisser tirer cette conséquence à la jeune élève. Souvent celle-ci tombait dans une profonde rêve-