Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/160

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le jeune homme, que, dans ce cas, on appelle un séducteur, tout en feignant de le chercher aussi, ne demande que d’être découvert. Il cherche à conserver sa maîtresse tout en faisant deviner au monde la victoire qu’il a remportée sur sa prudence. Ainsi, il est vrai de dire que le pire ennemi que puisse avoir une jeune fille, c’est le jeune homme qui lui parle d’amour. Toutefois, je ne dissimulerai pas la vérité. Pour se soustraire à l’état d’obéissance passive dans lequel une jeune fille se trouve à l’égard de sa mère et pouvoir commander à son tour, il est naturel qu’une jeune fille cherche à se marier. Mais ce moment est bien dangereux. Une jeune fille peut perdre à jamais sa réputation. Il faut toujours qu’elle considère bien quels sont les intérêts de vanité du jeune homme qui lui fait la cour, car il n’y a parmi nous que deux façons de jouer un très beau rôle dans la société, il faut avoir montré de la bravoure à la guerre ou dans des duels engagés avec des jeunes gens considérés, ou bien il faut avoir séduit beaucoup de femmes remarquablement belles et riches.

Ici Lamiel était sur son terrain ; vingt fois, le docteur lui avait expliqué la conduite que doit