Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/178

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— Ce jeune homme a une charmante figure, il porte un uniforme, cela seul suffirait pour rappeler Napoléon aux yeux de Lamiel et pour m’enlever ma charmante amie. J’ai déjà eu bien de la peine à la sauver de ce petit abbé Clément, dont la vertu timide travaillait pour moi. En vérité, je ne puis pas compter sur la même retenue de la part du jeune duc, lequel est mené par un valet de chambre fripon. Ce valet pourrait bien faire entendre le fin mot de tout ceci à ma petite Lamiel, et alors je me serai donné la peine de faire une femme d’esprit pour que ses rendez-vous avec le jeune duc soient plus piquants.

Deux heures après, le vénérable Hautemare parut au château avec son habit du dimanche. Son arrivée à huit heures du soir fit événement ; la première cloche de la grande cour fut agitée durant plus d’un quart d’heure avant que Saint-Jean, le vieux valet de chambre chargé du département des portes extérieures, voulût bien s’avouer qu’on sonnait. La duchesse alla se figurer que le son de cette cloche était funèbre.

— Il est arrivé quelque chose à Paris, se dit-elle, quel parti aura pris mon fils ? Grand Dieu ! quel malheur que ce M. de Polignac soit arrivé au