Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/212

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pour l’avenir de tomber dans une semblable erreur.

Tout ce qu’il y avait de joli et de tranquille dans la vile chaumière de son oncle disparut à ses yeux. On ne voulut pas même lui permettre d’occuper la chambre du second étage, dans la tour, sous prétexte qu’elle y serait seule et que les commères du village ne manqueraient pas de prétendre qu’elle pourrait ouvrir la porte, de nuit, à quelque galant. Cette idée fit horreur à Lamiel. Confinée dans son petit lit, de la salle à manger dont elle n’était séparée que par un paravent, Lamiel ne pouvait pas se défendre d’entendre tous les propos qui se tenaient dans la maison. Le sentiment de profond dégoût ne fit que croître et embellir les jours suivants. Outre le chagrin de ce qu’elle voyait, Lamiel était encore en colère contre elle-même.

— Je me croyais sage, se dit-elle, parce que j’embarrasse quelquefois l’abbé Clément et même le terrible docteur Sansfin ; c’est tout simplement que je sais dire quelques jolies paroles, mais, au fond, je ne suis qu’une petite fille bien ignorante. Voici huit jours entiers que je ne puis sortir d’un profond étonnement ; je tenais pour indubitable