Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reux et passionné. Épervier n’en peut plus ; vous n’avez pas d’idée des boues de ce pays,

— Oh ! que si ! une paysanne comme moi connaît bien ça… J’aime Épervier parce qu’il vous rend ridicule ; dans ce moment, vous l’aimez cent fois plus que celle que vous appelez pompeusement votre maîtresse. Cela ne me fait aucune peine, mais cela est ridicule pour vous.

Ce mot, qui semblait un mot de figure, était parfaitement vrai. Jadis Lamiel avait été au moment d’aimer et de devenir amoureuse de l’abbé Clément. Quant au duc, elle le regardait par curiosité et pour son instruction.

— Voilà donc, se disait-elle, ce que Mme la duchesse appelle un homme de bonne compagnie ? Je crois que, s’il fallait choisir, j’aimerais encore mieux cet imbécile de Jean Berville qui m’aimait pour cinq francs. Voyons la mine qu’il va faire à mes propositions. Il n’a plus son Duval, dont l’adresse et l’effronterie ont réduit sa peine à un sacrifice d’argent. Comment diable ce beau garçon va-t-il s’y prendre ? Peut-être qu’il ne s’y prendra pas du tout ; il aura peur et me serrera dans ses bras comme un fusil de pacotille. Voyons.

— Mon beau petit Fédor, ce pauvre Épervier