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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/284

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domestique le ramassa et leva le bras comme pour le lancer à la tête du comte.

— Eh bien ! dit le comte en riant avec affectation en se rappelant Firmin, des Français (rôle de Moncade).

— Je ne sais ce qui me tient de vous le lancer à la figure, dit le domestique pâlissant ; mais j’ai peur de casser les porcelaines de madame.

Le domestique se retourna vers la fenêtre ouverte, la regarda un instant, puis lança l’écu qui, traversant toute la rue de Rivoli, alla rebondir contre la grille de la terrasse des Feuillants, où vingt polissons se le disputèrent. Ce spectacle calma apparemment le domestique qui dit au comte avec toute la supériorité de la raison et de la force physique :

— Si vous vouliez garder vos manières insolentes, il fallait vous arranger pour conserver vos pauvres domestiques qui les souffraient ; il fallait ne pas vous ruiner, ne pas vous mettre au point de craindre le séjour de Clichy. Mais la peur de Clichy vous a réduit à faire une vente simulée à Madame des fauteuils et des glaces dont vous avez encombré cet appartement. Quand on veut être grand seigneur et insolent, il faut d’abord