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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/297

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elle avait à repousser des avances souvent grossières. Elle ne se permettait de parler qu’à Mme Le Grand et à M. X***, son maître à danser, bon jeune homme, honnête et borné, qui n’avait pas manqué de prendre de l’amour pour son écolière, et auquel Mme Le Grand avait confié le père sous-préfet, M. de Tourte et le reste de l’histoire. Tout cet ensemble de vie n’était pas amusant ; l’impossibilité de la promenade nuisit à la santé de Lamiel et son ennui était complété par le manque de spectacle. La fatuité de d’Aubigné était sur le point de triompher, s’il eût donné à Lamiel plus d’occasions de parler à cœur ouvert ; elle avait si peu de vanité, qu’elle se fût ouverte à lui, au premier moment d’impatience dans lequel il l’eût surprise.

Ce fut dans ces circonstances que Chantilly se présenta. Le comte y alla et perdit dix-sept mille francs en paris. Il acheva de se ruiner, il épuisa tout le crédit qu’on lui accordait encore et paya noblement cette somme avant la fin de la semaine. Le comte d’Aubigné-Nerwinde était au fond très prudent et sage jusqu’à l’avarice.

— J’ai déjà trois ou quatre jugements qui peuvent me conduire à Clichy, je me dois à moi-