Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/31

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et peut-on demander à un jeune homme qui écrit un journal pour lui-même, — c’est là son excuse, — et qui nous raconte ses débuts dans la vie, où il entre avec un tempérament fougueux, violent, irrité par une éducation ridicule, d’être un modèle de toutes les vertus ?

Les portraits de nos musées sont-ils donc tous si beaux à voir ? Et cependant l’homme à la verrue de Domenico Ghirlandajo ne trouve-t-il pas des admirateurs aussi intelligents que la Mona Lisa de Léonard de Vinci ? Si l’on apprécie le dessin exquis et l’expression divine de la Joconde, on ne doit pas pour cela être insensible à la vigueur de coloris et à la laideur si vivante du portrait du magistrat florentin.

Pourquoi ne devrions-nous trouver dans la galerie littéraire de nos écrivains que des personnages dits « sympathiques » ? Ne pouvons-nous pas, tout comme au Louvre, faire plusieurs parts, et accueillir tous les lettrés dont les œuvres s’imposent à l’attention et à l’étude ? Il suffit d’avoir quelques idées un peu larges, on