Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/353

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rit des projets de Sansfin et peut-être les lui eût laissé amener à bien, mais elle voit Pintard[1], la valeur énergique, l’homme qui tue. L’Amiel agit ainsi par véritable amour ou simplement par l’effet d’un caprice violent réveillé par l’énergie véritable qu’elle découvre dans Pintard. Ce qui lui plaît dans cet homme fort laid, c’est qu’il ne s’efface pas dans les moments de repos, sûr qu’il est de se trouver au moment de l’action ; cette particularité est un des traits les plus frappants du caractère de L’Amiel.

Sansfin se dit : L’Amiel une fois femme du duc, je possède un centre d’action à moi, un salon que l’on peut avouer et même un salon noble. Avec mon esprit, c’est la chose qui me manque. Comme Archimède, une fois ayant ce point d’appui, je puis soulever le monde ; en peu d’années je puis me faire un grand homme comme M. V. Hugo, connu du gros marchand de Nantes. Je me sens le génie de remuer ces Français ; une fois revêtu de grandes dignités, leur vanité, satisfaite d’avoir des rapports avec moi, n’aperçoit plus ma bosse.


PORTRAIT DE LAMIEL


Elle est un peu trop grande et trop maigre ; je l’ai vue de la Bastille à la porte Saint-Denis et dans le bateau à vapeur de Honfleur au Havre ; sa tête est la perfection de la beauté normande : front superbe et élevé, cheveux d’un blond cendré, un petit nez admirable et

  1. Dans le roman, nous ne voyons que Valbayre.