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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/41

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La chasse était superbe dans ce domaine et fort bien gardée ; le mari de la maîtresse de la maison, pair de France, cordon-bleu et dévot, ne quittait jamais la cour de Charles X, et le fils unique, Fédor de Miossens, n’était qu’un écolier. Quant à moi, un beau coup de fusil me consolait de tout. Le soir, il fallait subir M. l’abbé Du Saillard, grand congrégationiste chargé de surveiller les curés du voisinage. Son caractère, profond comme Tacite, m’ennuyait ; ce n’était pas un caractère auquel, alors, je voulusse prêter attention. M. Du Saillard fournissait des idées sur les événements annoncés par la Quotidienne à sept ou huit hobereaux du voisinage.

De temps à autre arrivait dans le salon de Mme de Miossens un bossu bien plaisant ; celui-là m’amusait davantage : il voulait avoir des bonnes fortunes, et quelquefois, dit-on, y réussissait.

Cet original s’appelait le docteur Sansfin, et pouvait avoir, en 1830, vingt-cinq ou vingt-six ans.

S’il n’avait pas voulu tenir à être un don Juan, ce médecin eût été passable ; fils unique d’un riche fermier des environs, Sansfin s’était fait médecin pour apprendre à se soigner ; il s’était