Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/51

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eurent fini. Alors M. l’abbé Le Cloud voulut bien remonter en chaire pour dire un mot d’exhortation. À ce préambule, la foule qui était dans le cimetière se pressa contre la porte et les fenêtres basses de l’église, dont plus d’une vitre périt en ce moment. Il régnait dans cette foule un silence religieux ; chacun voulait entendre ce prédicateur si célèbre.

M. Le Cloud parlait ce soir-là comme un roman de Mme  Radcliffe ; il donnait une affreuse description de l’enfer. Ses phrases menaçantes retentissaient le long des arcades gothiques et obscures, car on s’était bien gardé d’allumer les lampes. M. Hautemare, le bedeau, avait dit à demi-haut que ses subordonnés ne pourraient se frayer un chemin au milieu de cette foule pressée, tant chacun était jaloux de garder sa place.

Personne ne respirait. M. Le Cloud s’écriait que le démon est toujours présent partout, et même dans les lieux les plus saints ; il cherche à entraîner les fidèles avec lui dans son soufre brûlant.

Tout à coup M. Le Cloud s’interrompt, et s’écrie avec effroi et d’une voix de détresse :

— L’enfer, mes frères !