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au château de Carville, et j’écris ceci en 1840, vingt-deux ans après.

En 1818, j’avais le bonheur d’avoir un de ces oncles d’Amérique si fréquents dans les vaudevilles. Celui-ci, nommé Des Perriers, passait pour un mauvais sujet dans la famille ; je lui avais écrit deux ou trois fois pour lui envoyer de Paris des habits et des livres.

À l’époque où M. l’abbé Le Cloud et moi riions de la gravité du bonhomme Hautemare et de la terreur que lui inspirait le curé Du Saillard, mon oncle d’Amérique s’avisa de mourir et de me laisser une petite fortune à la Havane et un fort grand procès.

— Voilà un état, me dit cet aimable abbé Le Cloud : vous allez être solliciteur et planteur.

Je gagnai mon procès en 1824, et je menai la vie si céleste d’un riche planteur. Au bout de cinq ans, l’envie d’être riche à Paris me prit, la curiosité me porta à savoir des nouvelles de Carville, de la duchesse, de son fils, des Hautemare. Toutes ces aventures[1] car il y en a eu, tournent

  1. Ces aventures sont peu édifiantes, et cette nouvelle est un mauvais livre. (Note de Beyle.)