Aller au contenu

Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rait voulu. Quel redoublement d’allégresse parmi les laveuses si son cheval Mouton eût glissé !

— Taisez-vous, les filles ! Lavez votre linge !

— Prenez garde, docteur, ne vous laissez pas tomber. Si Mouton vous jette par terre, nous n’en ferons ni une ni deux, nous vous volons votre bosse.

— Et moi, que pourrais-je vous voler ? En tout cas, ce ne sera pas votre vertu ! Il y a de beaux jours qu’elle court les champs ! Vous avez souvent des bosses, vous, mais ce n’est pas dans le dos[1]

[Survient Mme Hautemare].

Cette femme avait un air de pédanterie et conduisait par la main une petite fille de douze à quatorze ans, dont la vivacité paraissait très contrariée d’être ainsi contenue.

Cette femme n’était rien moins que Mme Hautemare, femme du bedeau, chantre, maître d’école de Carville, et la petite fille, dont elle contrariait la vivacité, était sa nièce, Lamiel.

Or les laveuses étaient choquées de cet air de dame, que se donnait Mme Hautemare : conduire la petite fille par la main, au lieu de la laisser gambader comme toutes les petites filles du village !

  1. Ici une petite lacune dans le manuscrit.