Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/78

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joue, elles prirent de nouveau la fuite en jetant des cris aigus.

Le docteur, voyant son fusil hors d’état de le venger, donna d’effroyables coups d’éperon à son cheval, qui, en quelques secondes, arriva dans la cour de sa maison. Le docteur, jurant comme un possédé, se fit donner, sans descendre, un habit et un fusil, puis poussa son cheval ventre à terre sur la grande route d’Avranches qui passait sur le pont du Houblon dont nous avons déjà parlé.

Les femmes, après avoir lavé rapidement leurs bonnets blancs, s’occupaient de leur linge et enlevaient les taches de boue.

Pendant un gros quart d’heure, leur conversation chercha sans le trouver un moyen de tirer vengeance du docteur ; elles avaient de l’humeur de ne pouvoir rien inventer, quand Mme Hautemare vint à repasser, tenant sa nièce Lamiel par la main. À cette vue, tous les cris prirent une autre direction.

— Hé ! hé ! la revoilà, cette pimbêche, avec sa belle nièce ! s’écria Pierrette.

— Qu’appelles-tu nièce ? dis plutôt avec la fille du diable !

— Qu’appelles-tu fille du diable ? dis donc une