Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce scrupule fut sur le point de faire renoncer à l’affaire ; car la duchesse, de son côté, trouvait qu’entrer au château était un honneur insigne pour la nièce du maître d’école, et s’en expliqua dans ces termes avec Mme Hautemare. Aussitôt la commère du village fit une profonde révérence à la grande dame et prit congé sans répondre.

— Voilà bien la révolution ! s’écria la duchesse hors d’elle-même ; c’est en vain que nous pensons l’éviter, la révolution nous assiège et se glisse même parmi les gens dont nous faisons la fortune.

Cette réflexion la pénétra d’indignation, de douleur et de crainte. Dès le lendemain matin, après une nuit passée presque sans sommeil, la duchesse fit appeler le bonhomme Hautemare pour lui laver la tête ; mais elle fut bien autrement surprise quand le maître d’école, tout consterné et roulant son chapeau entre ses mains, tant il était effrayé du terrible message dont on l’avait chargé, lui annonça que, toute réflexion faite, Lamiel avait la poitrine trop délicate pour pouvoir accepter l’honneur que Mme la duchesse avait voulu lui faire.

La réponse à cette déclaration impertinente fut