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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/130

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peuvent répercuter sur la poitrine les humeurs que la transpiration insensible faisait disparaître et beaucoup de phtisies n’ont pas eu d’autre cause.

Cette habitude du docteur le servait parfaitement auprès des femmes.

Son premier pas, c’était de les isoler sous prétexte de maladie ; par ce moyen simple, il les jetait dans l’ennui ; puis il les amusait par ses mille attentions, et quelquefois parvenait à faire oublier son étrange difformité. Pour mettre sa vanité à l’aise, il avait pris l’habitude salutaire de ne pas compter ses défaites, mais seulement ses succès. « Fait comme je suis, s’était-il dit de bonne heure, sur cent femmes que j’attaquerai, je ne puis guère compter que sur deux succès. » Et il ne s’affligeait que lorsqu’il se trouvait au-dessous de ce taux.

Il était parvenu à faire faire du mouvement à la duchesse, en engageant Lamiel, ce qui, du reste, n’avait pas été difficile, à ne pas vouloir retourner au château. La duchesse avait acheté un jardin qui touchait à la chaumière d’Hautemare, et sur l’emplacement de ce jardin, elle avait fait bâtir une tour carrée qui, à chaque étage, se composait d’une chambre magnifique et d’un cabinet. Ce qui avait décidé la duchesse à se passer ces fantaisies coû-