Aller au contenu

Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien huit ou dix jours, jusqu’à ce qu’on ait pu rassembler la gendarmerie des environs. Dans les temps plus tranquilles, la vue d’un si beau monument donne à penser aux manoirs du voisinage.

Le docteur s’arrangea de façon que, en moins de quinze jours, cette idée fût répétée vingt fois devant la duchesse. Elle fut au comble du bonheur. Le manque de succès auprès des châteaux du voisinage était un des malheurs de sa vie, et l’ennui où elle languissait avant la maladie de Lamiel ajoutant une nouvelle pointe au chagrin plus ou moins réel dont elle croyait que sa vie était environnée, à chaque fois, quand, en se promenant, un de ces châteaux du voisinage venait à frapper sa vue, elle jetait un petit cri de profonde douleur. Le docteur n’avait pas manqué à se faire avouer la cause de ce petit cri, il avait prétendu que ce cri pouvait annoncer une horrible maladie de poitrine. Il se figura plus d’un mois l’état de ravissement où le succès de la tour avait jeté Mme de Miossens. La passion qui, dans le fait, lui donnait plus de peine à combattre chez elle, était l’avarice. Il voulut lui porter un grand coup et, tout bien préparé, il s’écria un jour de l’air de la plus profonde conviction :

— Convenez, madame, d’une chose bien