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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/147

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habitait le village voisin du château de Hartwell, et l’abbé Clément expliquait à Lamiel les injures d’un nommé Burke contre la révolution française. Cet homme avait été gagné par une belle place de finances donnée à son fils. Dans le peu d’entrevues seul à seule que le docteur Sansfin obtenait encore de Lamiel, il lui fit comprendre tout le ridicule de l’adoration que la duchesse avait pour ce livre ; Sansfin nommait rarement l’abbé Clément, mais toutes ses épigrammes étaient dirigées de façon à retomber sur lui. Ou ce jeune prêtre était un imbécile incapable de comprendre la politique qui avait dirigé la Convention nationale, ou plutôt c’était un coquin comme les autres, qui lui aussi voulait une belle place de finances, ou l’équivalent.

Le lecteur pense peut-être que Lamiel va prendre de l’amour pour l’aimable abbé Clément, mais le ciel lui avait donné une âme ferme, moqueuse et peu susceptible d’un sentiment tendre. Toutes les fois qu’elle voyait l’abbé, les plaisanteries de Sansfin lui revenaient à la pensée, et quand il raisonnait en faveur de la noblesse ou du clergé, elle lui disait toujours :

— Soyez de bonne foi, monsieur l’abbé, quelle est la place de finances que vous