Aller au contenu

Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réponse, piqua le courage de Lamiel. « Voyons si je sentirais du danger, s’écria-t-elle ; tout ce que je sais de pure pratique sur l’amour, c’est ce que mon oncle m’a bien voulu apprendre en me répétant qu’il ne faut pas aller au bois avec un jeune homme ; eh bien, moi, j’irai au bois avec un jeune homme, et nous verrons. Et quand à mon petit abbé Clément, je veux redoubler d’amitié pour lui afin de le faire enrager. Il était bien drôle hier au moment où il a tiré sa montre d’un air en colère ; si j’avais osé, je l’aurais embrassé. Quelle mine aurait-il faite ? »

Lamiel en était au plus fort de sa curiosité sur l’amour, quand un jour, en entrant chez la duchesse, elle vint à interrompre brusquement sa conversation avec Mme Anselme, c’est qu’il était question d’elle. La duchesse avait reçu un courrier de Paris dans la nuit, on était à la veille des ordonnances de Juillet, un ami intime lui donnait à cet égard des détails qui la faisaient trembler pour son fils ; le camp de Saint-Omer allait marcher sur Paris pour mettre à la raison la grande conspiration des députés de côté gauche. Elle renvoya le courrier en disant à son fils qu’elle se sentait affaiblir tous les jours et qu’elle lui demandait une preuve d’amitié qui serait peut-être la dernière, c’était de partir à l’instant même,