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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/189

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Fédor, dont j’avais chargé le courrier du duc de R…, et mon fils vient de me montrer cette lettre ; pendant un quart d’heure nous en avons regardé le cachet, il était bien intact lorsque mon fils l’a rompu.

Le docteur mit un art savant à flatter tous les sentiments de la duchesse, il faisait son métier de médecin. Son but était de calmer l’irritation de ses nerfs, et il avait su par Fédor lui-même tout ce que celui-ci pouvait apprendre sur la révolte qui commençait à Paris. Il trouva la duchesse montée comme une tigresse, ce fut le terme dont il se servit en racontant la chose à Lamiel.

Mais il était de l’intérêt du docteur de ne se trouver à Carville qu’au moment où l’on y apprendrait le résultat définitif de la révolte de Juillet. Le duchesse eut bientôt une idée : son fils avait les nerfs en très mauvais état, ce jeune homme travaillait trop, comme tous les élèves de l’école polytechnique ; il fallait lui faire prendre des bains de mer pendant quinze jours, mais il ne fallait pas aller chercher la mer à Dieppe, ville séduite par l’amabilité de Mme la duchesse de Berri et qui serait en butte aux soupçons des jacobins ; il fallait tout bonnement aller chercher la mer au Havre, le commerce tremblant pour ses magasins ne souffrirait pas le