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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/192

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village, de prendre place à côté du cocher. Le docteur était ravi, il serait absent de Carville au moment où le résultat définitif de la révolte de Paris y arriverait, et il avait empêché pour longtemps les conversations entre ce jeune duc si élégant et si doux et l’aimable Lamiel.

Sur leur route, les voyageurs ne trouvèrent que de la curiosité ; tout le monde leur demandait des nouvelles de Paris, on répondait en demandant des nouvelles et l’on disait qu’on venait de partir d’une campagne voisine. En arrivant à la poste du Havre, la duchesse montra fièrement un passeport délivré à Mme Miaussante et à son fils. Elle avait forcé celui-ci à quitter son uniforme et ce pauvre jeune homme en était au désespoir. « Ainsi quand on se bat, se disait-il, le duc de Miossens non seulement déserte, mais encore il quitte son uniforme. »

À peine installés au Havre dans une maison particulière de la connaissance du docteur, celui-ci procura une femme de chambre et deux domestiques qui ne savaient point du tout qui était Mme Miaussante. Ce fut donc au Havre et dégagée de toute inquiétude personnelle, que la duchesse passa les premiers jours du désespoir causé par l’incroyable résultat de la révolution de Juillet. Quand elle sut