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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/195

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mandes polies dont cet oubli serait l’occasion, puis chassait bien vite toutes les pensées désagréables, et la crainte de ces réprimandes faisait confondre le souvenir de cette duchesse si aimable pour elle avec celui de Mme Anselme et des autres ennuis du château. Au total, dix jours après être sortie de ce château, il n’avait laissé dans l’âme de Lamiel, pour tout souvenir, qu’un dégoût profond de trois choses, symboles pour elle de l’ennui le plus exécrable : la haute noblesse, la grande opulence et les discours édifiants touchant la religion.

Rien ne lui semblait plus ridicule à la fois et plus odieux que la dignité affectée dans la démarche et la nécessité de parler de toutes choses, même des plus amusantes, avec une sorte de dédain mesuré et froid. Après s’être avoué ces sentiments avec une sorte de regret, Lamiel remarqua que la reconnaissance qu’elle devait sans contredit à la duchesse se trouvait balancer exactement la déplaisance que lui inspiraient ses façons de grande dame, et elle l’oublia bien vite : même sans la nécessité d’écrire la lettre, elle l’eût oubliée tout à fait.

L’horreur pour tout ce qui pouvait lui rappeler le séjour de cet ennuyeux château était si grande qu’elle l’emporta sur la