Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE 9


Pendant les mois suivants, elle s’ennuyait toutes les fois qu’elle était dans la maison de son oncle ; elle passait donc sa vie dans les champs. Elle reprit ses rêveries sur l’amour ; mais ses pensées n’étaient point tendres, elles n’étaient que de curiosité.

Le langage dont sa tante se servait en tâchant de la prémunir contre les séductions des hommes devait à sa platitude un succès complet : le dégoût qu’il lui donnait rejaillissait sur l’amour. À cette époque de sa vie, le moindre roman l’eût perdue.

Sa tante lui disait un jour :

— Comme on sait que les belles robes que je porte le dimanche à l’église viennent de toi, les jeunes gens supposeront peut-être, au reste avec raison, que Mme la duchesse te fera un cadeau le jour de tes noces, et, dès qu’ils te verront seule, ils chercheront à te serrer dans leurs bras.

Ces derniers mots frappèrent la curiosité de Lamiel, et, au retour de sa prome-