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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/216

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Quand il ne fut plus qu’à trente pas, il fit un mouvement de joie, appela son domestique, lui remit son cheval, et ce domestique s’éloigna au grand trot.

Le jeune Fédor de Miossens, car c’était lui, arrangea ses cheveux et s’avança vers Lamiel d’un air d’assurance.

— Décidément c’est à moi qu’il en veut, se dit celle-ci.

Quand il fut tout près d’elle :

— Il est timide au fond et veut se donner l’air hardi.

Cette remarque, qui sauta aux yeux de notre héroïne, la rassura beaucoup ; en le voyant venir avec sa démarche à mouvements brusques et de haute fatuité, elle se disait :

— Le chemin est bien solitaire.

Dès le lendemain de l’arrivée du jeune duc, Duval, son valet de chambre favori, lui avait appris qu’à cause de sa prochaine arrivée on s’était cru obligé d’éloigner bien vite une jeune grisette de seize ans, charmante de tous points, favorite de sa mère, qui savait l’anglais, etc.

— Tant pis ! avait dit le jeune duc.

— Comment tant pis, tout court ? reprit Duval de l’air d’assurance d’un homme qui mène son maître ; c’est du bon bien que l’on vole à M. le duc ; il se doit d’attaquer cette jeunesse, on donne à cela