Aller au contenu

Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le vicomte D…, son ami intime ; car le duc voulut bien confier à Duval qu’il était question pour lui d’obtenir la main de Mlle Ballard, fille d’un riche marchand de peaux, et que le vicomte, lui apprenait la lettre d’un ami commun, passait pour courir la même fortune.

On eût dit que, pendant cette semaine, les cataractes du ciel s’amassaient sur la Normandie ; il plut à verse pendant trois jours, et l’ennui de ce temps, qui ne passait pas sans un accompagnement de réprimandes dans la maison Hautemare, étouffa tout à fait le peu de pitié pour l’isolement futur des deux vieillards qui avait pénétré dans le cœur peu sensible de notre héroïne.

Le quatrième jour, il pleuvait encore, mais un peu moins ; et Lamiel, en gros sabots et bonnet de coton sur la tête, et vêtue d’un morceau carré de toile cirée au milieu duquel il y avait un trou pour passer la tête, se rendit à tout hasard à la cabane des sabotiers, au milieu du bois de haute futaie. Au bout d’une heure, elle y vit arriver le duc, mouillé autant qu’on puisse l’être ; mais elle remarqua qu’il n avait pris soin que de son cheval et non de lui-même. Ce cheval venait de faire trois ou quatre lieues fort vite dans les environs de Carville.

— Je viens de revoir tous nos anciens