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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/233

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— Jeanne Verta Laviele, âgée de dix-neuf ans.

Le duc arracha une page du registre du garde-chasse et écrivit : Jeanne-Gerta Leviail.

— Tâchez d’avoir un passeport sous ce nom-là.

— Il n’est que neuf heures, le maire est au cabaret : je vais lui tirer cette carotte. S’il ne va pas consulter le curé, la bête est à nous.

Le même soir, à onze heures trois quarts, le garde-chasse vint au château, malgré un temps horrible, et remit au jeune duc un passeport avec un nom ainsi écrit : Geanne Gertait Leviail. C’est moi qui ai écrit : j’aurais écrit tout ce que j’aurais voulu.

Le duc lui donna pour étrenne autant de napoléons que Lairel espérait de francs.

À huit heures, il alla passer devant la porte de Hautemare et se mit près de la portière, le passeport à la main ; Lamiel le remarqua fort bien.

— Il n’est pourtant pas si gauche, se dit-elle ; mais peut-être que Duval est de retour au château ! Puis, bien contre son attente, elle eut pitié des deux pauvres vieillards qu’elle allait abandonner. Elle leur écrivit une fort longue lettre, assez bien faite. Elle commençait