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CHAPITRE 10


Le lendemain, les prairies étaient noyées d’eau, mais il faisait un temps superbe. À trois heures, Lamiel se trouva vers un pont, à trois cents pas de la grande route. Fédor n’avait nulle idée d’en venir ce jour-là au grand pas de l’enlèvement.

— J’ai été si triste et si touchée en quittant la maison et ces pauvres vieillards si ennuyeux, dit-elle à Fédor, que je ne veux pas y rentrer.

Le jeune duc n’était déjà plus l’homme de la veille ; il fut étonné et embarrassé de la déclaration. Mais Lamiel la lui ayant ménagée et de nouveau lui ayant expliqué que, munie de son passeport, elle allait louer un cheval et se rendre à B…, où elle l’attendrait un jour ou deux, le duc reprit ses esprits, et Lamiel vit sa joie. Elle lui demanda s’il avait reçu ses gilets de Paris. La veille il l’avait longtemps entretenue d’un assortiment délicieux de gilets de chasse que son tailleur allait lui expédier ; il y en avait un surtout, rayé