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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/260

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et mille cinq cent cinquante francs à Cherbourg, en passant. »

Il n’en fallut pas davantage pour que Fédor se précipitât sur la route de Cherbourg, courant à franc étrier pour avoir l’occasion d’examiner toutes les figures sur le grand chemin. Malgré la lettre de Lamiel, il n’abandonna point la folie de la chercher qui l’occupait depuis sa fuite. À Rouen, se trouvant sans argent, sans maîtresse et sans linge, il eut presque l’idée de se brûler la cervelle. Jamais homme ne s’était trouvé aussi embarrassé. Toutes les prévisions de Lamiel s’accomplirent.

Pour Lamiel, elle eût tout à fait oublié le jeune duc qui avait eu l’art d’étouffer l’amour sous les douceurs, s’il ne lui eût servi de point de comparaison pour juger les autres hommes.

Lamiel avait tant de naturel dans les manières et tant d’étourderie dans les façons que Mme Le Grand s’attacha jusqu’au point d’en faire sa société ; bientôt elle trouva son boudoir ennuyeux quand elle n’y voyait pas la jeune fille. Son mari avait beau la sermonner sur l’imprudence d’admettre une inconnue à une telle intimité, Mme Le Grand n’avait pas de réponse, mais son amitié redoublait pour