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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/262

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était la seconde jeune fille d’un sous-préfet qu’elle ne pouvait nommer. Ce sous-préfet, fou d’ambition, n’était pas sans espérance d’être compris dans la première fournée des préfets et n’avait rien à refuser à un veuf à son aise, affilié à la congrégation, et qui lui promettait vingt et une voix de légitimistes ralliés. Mais ce M. de Tourte mettait pour condition à ses vingt et une voix qu’il épouserait elle, Lamiel ; or elle avait en horreur sa mine jaune et bassement dévote.

― C’est tout simple, dit Mme Le Grand, ma chère Lamiel a distingué un beau jeune homme qui, en fait de fortune, n’a que des espérances.

― Eh bien ! non, s’écria Lamiel, je m’ennuierais moins et saurais que faire de ma vie. L’amour, qui paraît faire le souverain bonheur de tout le monde, me paraît une chose fort insipide et si j’ose tout dire fort ennuyeuse.

― Ce qui veut dire peut-être que vous avez été aimée par un ennuyeux.

« Je me compromets, se dit Lamiel, il faut revenir à la vérité. »

Non, ajouta-t-elle de l’air le plus simple qu’elle put, on m’a fait la cour ; mon premier amoureux s’appelait Berville et n’aimait que l’argent. L’autre appelé Leduc, était fort prodigue, mais le plus