Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/309

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un magasin de modes. Elle acheta un chapeau fort simple ; en descendant à la porte du Luxembourg, vers la rue de l’Odéon, elle laissa son chapeau dans la voiture et dit au cocher de retourner au logis.

Le bon abbé Clément, tout étonné de ce qui lui arrivait, commençait une phrase polie mais qui annonçait des reproches a faire.

— Permettez, cher et aimable protecteur, que je vous raconte tout ce qui m’est arrivé depuis que madame a renvoyé sa pauvre lectrice. Oui, continua Lamiel en riant, je vais me confesser à vous : me promettez-vous le secret de la confession ? Rien à la duchesse, rien au duc ?

— Mais sans doute, dit l’abbé d’un air sage, mais profondément troublé.

— En ce cas, je vais tout vous dire.

Et, en effet, à l’exception de l’aventure de Jean Berville et de l’amour qu’elle croyait sentir pour l’abbé en ce moment, elle lui dit tout, et comme dans son désir de faire bien comprendre les motifs de ses actions, elle ajoutait tous les détails caractéristiques, sa narration ne dura pas moins d’une heure et demie. L’abbé avait eu le temps de se remettre un peu. Il lui adressa des réflexions morales et prudentes ; mais il sentit bientôt qu’il admi-