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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/326

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NOTES SUR LES PERSONNAGES[1]


Le dégoût profond pour la pusillanimité fait le caractère d’Amiel.

Amiel, grande, bien faite, un peu maigre avec de belles couleurs, fort jolie, bien vêtue comme une riche bourgeoise de campagne, marchait trop vite dans les rues, enjambait les ruisseaux, sautait sur les trottoirs. Le secret de tant d’inconvenances, c’est qu’elle songeait trop au lieu où elle allait et où elle avait envie d’arriver, et pas assez aux gens qui pouvaient la regarder. Elle portait autant de passion dans l’achat d’une commode de noyer pour mettre ses robes à couvert de la poussière dans sa petite chambre, que dans l’affaire qui aurait pu avoir une influence sur sa vie entière, autant de passion et peut-être davantage. Car c’était toujours par fantaisie, par caprice, et jamais par raison,

  1. Sous ce titre factice je réunis les pages gardées par Stendhal en tête de la copie du début de Lamiel, qu’il dicta en janvier 1840, et une note sur le docteur Sansfin, tracée postérieurement, et du reste datée. N. D. L. É.