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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/44

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ce monde là on accordait alors à une duchesse. Comme elle n’avait pas une beauté supérieure à toutes les beautés, ni une fortune à la Rothschild, ni un esprit à la Staël, le Faubourg de 1820 ne voulait pas lui accorder les égards payés à une duchesse. Alors par honneur et faute d’un ami qui lui ouvrît les yeux sur l’injustice de ses prétentions actuelles et sur l’ennui à venir, la marquise vint s’enterrer à Carville sous prétexte que l’air de la mer était nécessaire à sa poitrine, car ajoutait-elle historiquement : « M. de Miossens ne m’a ramenée en France qu’en 1815 et depuis ma petite enfance j’habitais l’Angleterre[1]. »

La révolution de 1789 et Voltaire n’étaient pas des choses odieuses pour elle, c’étaient des choses non avenues. Cette absurdité complète dans tous ses détails et cette manière d’appeler, par exemple, le maire de Carville, M. l’Échevin, consolaient de tout mes vingt-deux ans et m’empêchaient de prendre au sérieux aucune des impertinences qui pullulaient au château et en chassaient tous les voisins. La marquise ne pouvait réunir dix personnes autour de sa table qu’en payant

  1. Ce paragraphe a été biffé par Stendhal sur son manuscrit, comme faisant longueur. Nous avons cru utile de le rétablir. N. D. L. E.