Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/50

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patienter ; il répéta d’une voix criarde :

— L’enfer, mes frères !

Vingt pétards partirent de derrière l’autel, une lumière rouge et infernale illumina tous ces visages pâles, et, certes, en ce moment, personne ne s’ennuyait. Plus de quarante femmes tombèrent sans dire mot sur leurs voisins, tant elles s’étaient profondément évanouies.

Mme Hautemare, femme du bedeau, et future tante de Lamiel, fut au nombre des plus évanouies et comme elle pouvait aspirer au premier rang parmi les dévotes du village, tout le monde s’empressait autour d’elle. Vingt petits garçons coururent avertir M. le bedeau, mais il les renvoya avec humeur. Son devoir l’empêchait d’accourir, il était profondément occupé à recueillir les moindres lambeaux de l’enveloppe des pétards, formée avec de la toile goudronnée et des ficelles.

Cette mission lui avait été donnée et plusieurs fois expliquée par le terrible M. Du Saillard, curé du village, et Hautemare n’avait garde d’y manquer. Le curé était le principal auteur de sa petite fortune et le bedeau frémissait rien qu’à lui voir froncer les sourcils.

M. Du Saillard, inspectant son peuple de la tribune de l’orgue, voyant que tout se passait bien et que le mot des pétards ne