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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/67

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À dix minutes du pont, sur le Houblon, une troisième prairie se présente en face et domine le confluent de la Décise et du Houblon. La Décise, qui descend fort rapidement, est côtoyée par un sentier formant beaucoup de zigzags sur la partie la plus élevée de cette troisième prairie. L’œil du voyageur aperçoit en s’élevant les dernières petites allées sablées d’un jardin anglais fort soigné et par-dessus les sommets de quelques arbrisseaux, destinés surtout à dérober la vue de la mer lointaine aux fenêtres du rez-de-chaussée du château.

La vue des pierres noires et carrées d’une tour gothique fait un beau contraste de couleur. Cette tour, maintenant tout à fait en ruine, fut une noble contemporaine de Guillaume le Conquérant.

Tout à fait au bas de la troisième colline est un lavoir public, établi sur les bords de la Décise, sous un immense tilleul. Ce bassin, que Mme la duchesse espère bien faire déguerpir, est formé par deux énormes troncs de chêne creusés au centre et quelques pierres plates placées de champ.

Une trentaine de femmes lavaient du linge à ce bassin, le dernier jour du mois de septembre. Plusieurs de ces paysannes cossues de la riche Normandie ne travaillaient guère, et se trouvaient là sous pré-