Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/71

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au lieu de la laisser gambader comme toutes les petites filles du village !

Mme Hautemare venait du château, par la belle route qui contournait la prairie placée sur la rive droite du Houblon.

— Ah ! voilà Madame Hautemare, s’écrièrent les lavandières.

Mais elles savaient que la Hautemare leur répliquerait au long, tandis qu’en un quart de minute le docteur bossu pouvait s’éloigner d’elles : d’ailleurs, le docteur, à cause de sa calme pétulance, était plus amusant.

Son cheval Mouton, arrivé au bas des zigzags de la Décise, buvait dans ce ruisseau, un peu au-dessus du lavoir.

Deux lavandières s’écriaient, s’adressant à Mme Hautemare :

— Ho ! là, là ! la madame, prenez garde de perdre cette fille de votre frère, cette prétendue nièce.

— Prends garde à ta perruque, petit bossu, s’écriait la section de droite de ce chœur, ton coiffeur ne sait peut-être pas la faire ?

— Et vous…, répondit le docteur : mais sa réplique fut d’une telle nature, qu’il n’est pas possible de l’écrire.

La dévote Mme Hautemare, qui avait continué à suivre la route, qui, descendant du château de Miossens, venait passer à