Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/76

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d’elles, si Jean-Claude veut me faire danser à l’avenir, il faudra qu’il rosse Sansfin et qu’il m’apporte une mèche de ses cheveux que je mettrai comme une cocarde sur mon bonnet blanc.

— En ce cas, il aura un coup de fusil à petit plomb dans les jambes ton Jean-Claude, dit Pierrette, car il est traître, le docteur.

— Et d’ailleurs tellement colère, reprit une troisième, qu’il ne sait pas ce qu’il fait. Et on voit bien que tu ne sais pas l’histoire de Dréville.

— Yvonne n’était pas encore à Carville, s’écria Pierrette, elle était en service à Grandville. Le gros Brunel de Dréville, celui de la Marie Barbot, chanta au docteur qui passait quelque plaisanterie sur sa bosse, le docteur qui trottait sur Coco son cheval d’alors n’en fait ni une ni deux, il défait son fusil qu’il portait en bandoulière et lâche deux coups sur Brunel. L’un des deux coups était chargé à balle et blessa le Brunel au bras gauche et à la poitrine tout à côté. Le docteur jura qu’il avait oublié que l’un des canons avait une balle, mais quoique çà, le substitut l’a forcé à donner dix louis.

Pendant un gros quart d’heure, la conversation des laveuses chercha sans le trouver un moyen de tirer vengeance