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ii
préface

lettres, de politique. Les idées lui plaisent pour elles mêmes. Déjà il s’est fait connaître par divers ouvrages (Vie de Haydn, Mozart et Métastase, 1814 ; Histoire de la peinture en Italie, 1817 ; Rome, Naples et Florence, 1817 ; Vie de Rossini, 1824) qui purent rendre des services aux touristes comme à ceux qui goûtent la musique et les arts plastiques, mais qui ne sont pour les trois quarts, il le reconnaît lui-même, que « des extraits judicieux des meilleurs ouvrages » publiés sur les questions auxquelles ils se rapportent.

Stendhal ne s’aveuglait donc pas sur ses « plagiats ». Mais sans emploi de 1815 à 1830, il ne lui restait à peu près que sa plume pour vivre. Le retour des Bourbons le fit écrivain plus encore peut-être que ses goûts. Il n’eut jamais une grande vanité littéraire, bien qu’il appréciât justement sa valeur et qu’il sût annoncer avec une étonnante prescience sa gloire posthume. Du moins il n’attendait pas de son seul génie de grands succès d’argent, en quoi il fut sage. Au contraire il pensait assez naïvement se faire de précieuses ressources avec les divers travaux de librairie qu’il entreprenait sans se lasser, et dont il enrichissait les pages copiées de trésors puisés dans sa seule observation, sa seule raison, son seul esprit. Du jour où la Révolution de Juillet